Les «petits» clubs en danger?
Entre gratitude et réalisme, les clubs amateurs, privés de rentrées financières, se font une raison. Et craignent la suite.
C’est un premier petit geste. Pour permettre aux clubs de «respirer un peu» financièrement, la Fédération belge de football a décidé «d’accorder un report de trois mois pour le paiement des cotisations fédérales.»
Elles sont mensuelles et regroupent plusieurs frais, dont certains varient selon le nombre d’inscrits par club et la division dans laquelle il évolue: l’affiliation des joueurs à l’Union belge, les assurances médicales, les éventuelles amendes pour tel ou tel manquement… «La dernière en date s’est chiffrée à 1800€», éclaire Sandro Dos Santos Rodrigues, le correspondant qualifié de Gosselies (D3 amateurs).
«Sur une saison, chez nous, cela représente environ 10 000€», confie Fernand Delchambre, dirigeant du RFC Meux (D2 amateurs). «Cette récente mesure est la bienvenue mais, au final, c’est nous qui paierons. On attend de voir la suite parce qu’il reste beaucoup de zones d’ombre pour cette fin de saison», s’accordent les deux comitards.
Au-delà de ces créances fédérales, les clubs ont d’autres frais inhérents à leur activité. «Notre facture énergétique s’élève à un montant entre 8 000 et 9 000€ par mois pour notre académie de jeunes qui regroupe plus de 900 jeunes. Et on ne va pas revenir sur la vétusté de notre stade, commente Thierry Dailly, président du RWDM (D1 amateurs). Ces frais diminuent puisque plus personne ne s’entraîne pour le moment, mais les frais fixes, liés au réseau ou à l’entretien des installations notamment, restent.»
Le dirigeant bruxellois n’a d’ailleurs pas eu d’autre choix que d’instaurer le chômage économique pour la trentaine d’employés du mythique club bruxellois, dont les joueurs de l’équipe première sous contrat.
«Les clubs n’ont plus mille sources de revenus. Le ticketing est forcément à l’arrêt. Chez nous, certains sponsors paient par tranches et la situation actuelle est compliquée pour eux aussi, donc ils auront du mal à tenir leurs engagements… Je les comprends. Il y a peu, des clubs comme Tilleur, Duffel ou Durbuy ont déjà annoncé qu’ils stoppaient leur équipe A la saison prochaine… Il faut prendre des mesures pour éviter d’autres arrêts car le football amateur est essentiel à l’équilibre du football belge en général. Et il assure un rôle social très important.»
Les «petits» clubs vivent aussi grâce à leur buvette et aux cotisations payées par leurs membres, mais également grâce aux multiples activités organisées tout au long de la saison (soupers, stages, tournois…). Plus rien de tout cela n’est autorisé vu la pandémie de coronavirus, et cela risque de durer. Le manque à gagner est impossible à chiffrer actuellement mais il sera considérable.
«Notre stage de Pâques accueille en moyenne 90 enfants (NDLR: à 150€), reprend Sandro Dos Santos Rodrigues. On organise aussi un tournoi. Toutes ces rentrées tombent à l’eau. Financièrement, c’est difficile à supporter. » Même constat implacable à Meux, qui renseigne pratiquement 300 jeunes. «On va devoir faire avec, c’est comme ça. Sans savoir quand et comment nous pourrons reprendre nos activités, cette saison ou la suivante.»
Vincent BLOUARD (L’Avenir – 20-03-2020)