Investissements sportifs en Hongrie

Pour un peu sortir des sentiers battus, je vous propose de parler un peu du football en Hongrie et de la politique de modernisation des infrastructures sportives.

Inauguration du nouveau stade de Kisvárda.

Comme vous le savez sûrement, ….ou pas, j’habite en Hongrie et c’est donc à partir de ce pays que je publie et que je mets à jour le site internet et la page facebook de Seraing Athlétique, ce qui n’est pas toujours évident au niveau de la collecte d’informations et de photos publiables. La ville que j’habite, depuis 7 ans maintenant, s’appelle Kisvárda, une petite ville de 15000 habitants située dans le Nord-Est du pays à une trentaine de kilomètres de l’Ukraine et de la Slovaquie.

Mon but n’est pas de vous faire un cours de géographie mais de parler de la politique d’investissement du pays dans les infrastructures sportives et particulièrement des stades de football.

Ayant terminé à la seconde place du défunt championnat de division 2,  le club de football de la ville évolue cette année en Division 1 nationale et ce pour la première fois de son histoire . Ce samedi avait lieu le premier match à domicile dans le tout nouveau stade, un petit bijou financé par l’Etat.

En Hongrie, l’investissement dans le sport se chiffre en milliards d’euros

28 projets de nouveaux stades pour 50 milliards

Voilà un petit pays dont le nombre d’habitants est plus ou moins équivalent à la Belgique qui trouve les ressources financières pour construire des stades de football ou les rénover, 28 projets pour un budget de 50 milliards, étonnant alors qu’en Belgique le financement d’un seul stade, national ou pas, doit faire appel au privé et passer un tas de difficultés, d’autorisations administratives, de recours, etc.

Le premier match dans ce nouveau stade de 2500 places, conforme aux normes UEFA, opposait l’équipe locale au grand Ferencvaros, l’équipe la plus réputée et la plus populaire de Hongrie ( un peu le standard hongrois).

Avant le match, au milieu du terrain, les autorités religieuses ont béni le stade et récité le « Notre père », les différentes églises s’associent dans ce genre de manifestation, Catholiques romains, Catholiques grecs et Calvinistes parlent alors d’une seule voix. Il faut savoir que la religion dans le pays occupe une place très importante, et que chaque dimanche les églises sont pleines.

Ensuite le public s’est levé pour entonner tous en chœur l’hymne national, les hongrois sont très nationalistes, très fiers de leur pays.

Le match pouvait alors commencer et les kops respectifs donner de la voix, à ce jeu Ferencvaros l’a emporté largement.

Kisvárda a quelques difficultés à s’adapter à la première division, le rythme et l’engagement sont bien différents de la division 2. Les 3 premiers matches, tous en déplacement, et contre les ténors du championnat, Videoton champion 2018, Honved champion 2017 et Ujpest (le club de Duchatelet) vainqueur de la coupe 2018 se sont tous soldés par de sévères défaite et comme en Belgique, l’entraîneur a fait les frais de ces mauvais résultats, … limogé.

Ferencvaros( 29 titres de champion de Hongrie) champion 2016 et vice champion 2018 était de nouveau une tâche trop difficile, la différence d’expérience était flagrante, résultat : 0-2. Et pour encore un peu ajouter à la difficulté, un exclu à Kisvárda après une demi-heure de jeu, il n’y avait déjà plus d’illusions à se faire et un second en fin de match.

Le football hongrois est d’un niveau assez moyen, aucune comparaison avec le niveau Belge, les équipes ont les pires difficultés au niveau européen quant à l’équipe nationale … le bref passage de Georges Leekens n’a rien apporté sauf les sarcasmes des supporters. A noter quand même que cette année Videoton jouera les barrages pour l’accès à la champion’s league contre AEK Athènes.

Le pays aura donc à brève échéance de très beaux stades mais les assistances restent assez faméliques vu le spectacle proposé, les académies se multiplient et les installations progressent. Ici à Kisvárda, le club dispose de 3 terrains en herbe, d’un grand terrain synthétique, d’un petit terrain synthétique et d’un terrain couvert que je n’ai pas encore découvert.

La division 1 se compose de 12 équipes qui se rencontrent …. 3 fois sur la saison !! La division 2 quant à elle se compose de 20 équipes mais bien peu sont capables d’accéder à la division 1, ne pouvant réunir toutes les conditions pour obtenir la licence.

Le financement des équipes est assuré en partie par un prélèvement de 2% sur l’impôt des sociétés.

Bref il y a encore du chemin à parcourir avant de retrouver une grande équipe de Hongrie comme dans les années 50 mais les bases sont jetées, qui vivra verra.

Marcel VANDERHOVEN